Remboursement des séances et dispositif Mon psy

Le 19/04/2025

En 2025, la santé mentale a été désignée "Grande Cause nationale". Et pourtant, de nombreux patients en souffrance ne trouvent ni psychiatre, ni place dans les Centres médico psychologiques censés répondre aux besoins de la population. Pour palier ce manque, les gouvernements successifs proposent des consultations avec des psychologues conventionnés. Problème, 86 % des  professionnels n'adhèrent pas à la proposition. 

Alors que le gouvernement ne cesse de promouvoir Dispositif Mon psy, nous psychologues, nous devons éclairer nos patients et expliquer les raisons d'un éventuel non conventionnement. Car sur le papier, ne pas vouloir se conventionner reste incompréhensible pour les patients. Et c'est normal. Alors que de nombreux français se sentent mal et que les structures publiques ne peuvent plus répondre à la demande, ne pas opter pour le remboursement des séances parait abberant. 

Et pourtant, il n'en n'est rien. En effet, plusieurs raisons expliquent ce rejet massif de la profession. L'idée ici n'est pas de rentrer dans le détail de toutes ces raisons, dont certaines sont à la fois éthiques et politiques, mais de se concentrer sur celles qui concernent directement les patients.

Tout d'abord, lorsque ce dispositif ( qui a déjà changé de nom plusieurs fois) a été crée, les psychologues n'ont pas conviés pour décider avec eux de ces propositions. Il était également question d'un conventionnement suite à un adressage du médecin. Pour être clair, il fallait donc demander à son médecin, un courrier pour aller voir un psychologue ( merci la discrétion) Pour poursuivre la prise en charge,il était ensuite nécessaire d'avoir l'aval d'un psychiatre. Le tout pour un tarif de consultation sous la barre des 40 euros. 

Depuis, le dispositif a évolué : 

-Plus de médecins dans la boucle. Chacun peut choisir son psychologue, via la liste fournie par la CPAM

-Douze consultations remboursées en partie par la sécu, le reste par la mutuelle. Au bout des 12 séances c'est terminé. 

-Montant de la consultation : 50 euros, qu'il faut payer avant de se faire rembourser. 

Pour autant, les psychologues n'adhèrent toujours pas. Pourquoi ? Voici une liste de raisons non exhaustives

-Le nombre de consultations proposées laisse penser que "objectivement" 12 séances suffisent à gérer son problème de santé mentale. Non le soin psychique, le temps psychique ne répondent pas aux mêmes lois que le somatique. 

-Le prix des séances. La fourchette de prix d'une consultation pour un psychologue varie entre 50 euros et 80 euros selon les villes. La plupart des psychologues ne pourraitent pas vivre de leur métier en proposant des séances qualitatives à 50 euros. ( Sur ce montant, il faut déduire, plus de 23 % d'Ursaaf, Impots, assurances, loyers...). 

-Les critères d'exclusion, qui ne permettent pas à la plupart de nos patients de bénéficier de ces séances. A titre d'exemple en voici quelques uns : 

=> Les enfants de moins de trois ans. Par exemple, si votre enfant a des difficultés développementales et peine dans certaines acquisitions, comme la propreté, ou encore le langage, et bien il ne pourra pas être reçu. Idem pour les troubles du sommeil ou de l'oralité. 

=> Les enfants et adolescents avec des Troubles anxieux ou troubles dépressifs. Ou encore des troubles du comportement alimentaire ou des risques suicidaires.

=> Enfants et adolescents avec des troubles du comportements sévères se traduisant par des exclusions scolaires, de l'agressivité / violence 

=> Des Troubles du neuro-développemen, dit TND( comme le TDAH ou le TSA

=> De même, les adultes avec des troubles dépressifs, troubles anxieux, risques suicidaires, troubles du comportements alimentaires et dépendances à des substances psychoactives. 

=> Également toutes les personnes qui nécessitent un avis psychiatriques ou suivies par un psychiatre. 

Bref, vous l'aurez compris, les critères d'exclusion concernent environ 80 % de nos demandes en libéral. Seuls les personnes avec un léger mal-être, de plus de trois ans, sont concernés par ce dispositif. 

Les patients les plus en difficulté et les plus en souffrance sont censés faire appel aux médecins psychiatres ou encore aux structures publiques type CMP ou CMPEA pour les adolescents. Problème, ces structures sont en sous-effectifs. Les listes d'attente ( Quand il y en a, ce qui n'est pas toujours le cas vu la pénurie de médecins psychiatres), peuvent s'étaler sur plus d'un an. 

Voilà, où nous en sommes aujourd'hui et voilà pourquoi une majorité de psychologues n'adhèrent pas à ce dispositif qui a été pensé sans eux et qui ne reconnaît pas leur expertise dans le soin psychique. Nous travaillons pour beaucoup en lien étroit avec les psychiatres et pédopsychiatres.  Nous ne sommes pas des "coachs bien-être" seulement aptes à nous occuper des patients avec un "léger coup de mou". 

Sachez que la plupart des psychologues ont bien conscience des difficultés finnancières de leurs patients et que beaucoup proposent d'aménager leur offre de soin, en parallèle des remboursements proposés par les mutuelles.  Les psychologues ne sont pas contre un conventionnement, mais pas en devenant de simples auxiliaires de santé, soumis à un ministère qui ne reconnait en rien leur expertise et cherche à diviser une profession unie par un titre unique ( celui de PSYCHOLOGUE), sous tendu par l'adhesion au Code de Déontologie des Psychologues